Cala Portals
Premier mouillage mallorcain à la Cala Portals. L’endroit est très beau et très paisible, un lac d’eaux claires et peu profondes entouré de hauts rochers percés de grottes. Quand les nombreux bateaux à moteurs qui viennent pour la journée repartent vers les marinas en début de soirée, nous levons l’ancre pour nous enfoncer un peu plus encore dans la cala et nous mettre bien à l’abris derrière les falaises qui nous séparent de la mer. On en profite alors pour échanger quelques mots doux avec le skipper d’un énorme yacht anglais qui a eu la même idée, mais pense visiblement être prioritaire sur le reste du monde… Après 9 mois sur l’eau et plus de 10 000 nautiques, ce n’est malgré tout que la seconde fois que nous avons maille à partir avec un autre bateau, on ne va pas se plaindre ! L’épisode ne nous gâche cependant pas cette tranquille escale.
Cala Gamba
Nous partons au petit matin pour rejoindre la Cala Gamba, tout près de l’aéroport de Palma : Nicole et Kiki arrivent pour passer quelques jours avec nous sur Zanzibar et nous avons cherché la solution la moins biscornue possible pour les récupérer sans passer une nuit en marina. Le petit port de la Cala Gamba nous semble cependant bien petit pour y caser notre bô bateau : 1m40 de fond, 9-10 mètres à peine entre les digues qui marquent l’entrée… Le gentil marinero qui nous accueille se démène et nous colle à l’extérieur, au bout du ponton du gasoil : 1m30 de fond, des cailloux, et 12 mètres de quai pour nos 13,30 mètres de coque… Mais nous avons de l’eau, de l’électricité pour le lave-linge, on peut rester quelques heures le temps de faire un aller-retour à l’aéroport et assurer l’avitaillement. Autant dire le paradis !! Après déjà quelques 2 semaines d’itinérance et d’enfants dégoulinants d’eau salée courant sur le pont, Zanzibar a bien besoin d’un ENORME rinçage à l’eau douce !
Cala Blava
Une fois les papy-mamie à bord, direction la Cala Blava, un peu plus au Sud. Le paysage est joli, avec ses falaises qui dominent la mer, mais le mouillage un peu remuant. On y passe juste une nuit avant de poursuivre notre descente vers le Sud, jusqu’à la Cala Pi dont nous tombons instantanément amoureux…
Cala Pi
La mer s’avance entre de petites falaises de calcaire où s’accrochent des pins parasols équilibristes, jusqu’à une toute petite plage cachée au fond de la crique. Quelques cabanes de pêcheur chaulées et d’antiques rampes de mise à l’eau des traditionnelles barques minorquines viennent parfaire le décor de cet endroit hors du temps. Zanzibar se faufile entre les quelques bateaux déjà ancrés et nous jetons nos aussières au plus profond de la cala, bien à l’abri du vent et des vagues.
Les cigales chantent, les enfants ne se lassent pas de nager, sauter, plonger, pimentant leurs jeux d’inventions à effrayer leur mère : sauts depuis la bôme, ou depuis les rochers, ou accrochés à la balancine… Ils ne veulent plus repartir ! La proximité du Cala Pi Club, caché dans les hauteurs au milieu des pins, nous permet de profiter du wifi et de leur excellent restaurant ! Et on trouve même de l’eau douce pour refaire nos pleins : un robinet caché dans les buissons, aux abords de la plage, et que nous
indique un très gentil monsieur qui s’apprête à partir à la pêche sur son Minorquin. Il est heureux de nous parler français, nous racontant ses escapades à Montpellier quand il était étudiant à San Sebastian et qu’il passait la frontière avec sa moto pour aller goûter en France à la liberté et la démocratie dont Franco les privait, nous disant aussi son inquiétude et sa préoccupation pour l’Espagne d’aujourd’hui… Nous rencontrons également de sympathiques équipages, comme Guy sur Starcraft ou la joyeuse tribu portugaise de Molokito. On se laisse vivre, c’est les vacances !
San Telm
Nous quittons malgré tout notre petit paradis pour monter vers le Nord-Ouest. Nous devons retrouver les Bubu à Puerto Soler et continuer avec eux notre périple. Les enfants trépignent d’impatience de revoir leurs copains ! Une belle journée de nav nous emmène à San Telm, à la pointe ouest de l’île, où nous prenons une bouée dans le mouillage de la Punta Caragola. Mais c’est le drame : il y a du vent, des vagues, on voit pas le fond, on est loin de la côte à la nage, et il n’y a même pas de réseau internet… Déprime totale à bord… L’endroit n’est pourtant pas dénué de charme, mais le cœur n’y est pas. Comme quoi nous pouvons nous aussi avoir de vrais problèmes existentiels… Nous descendons à terre pour squatter la piscine d’un bar et nous connecter à leur wifi pour prendre une météo. Ce qui achève le capitaine : du vent fort est annoncé sur le Nord de l’île, et pas dans le sens qui nous aide, évidemment… Nous craignons de nous retrouver coincés par ce vent contraire et prenons la décision de repartir vers les calas du Sud. Nous larguons la bouée à 3 heures du mat : navigation de nuit direction … la Cala Pi ! Faire et défaire, c’’est toujours travailler, disait ma grand-mère ! Nous on continue surtout de buller…
Le départ de Nicole et Kiki arrive un peu trop vite et nous laisse un sentiment d’inachevé : nous aurions aimé découvrir d’autres calas magiques avec eux et partager encore quelques navigations avant leur retour en Bretagne… Nous faisons un échange express de grands-parents à l’aéroport de Palma : Mamie Monique arrive sur le vol qu’ils prennent pour repartir. Top organisation ! On profite de la voiture pour faire un gros avitaillement en route, et surtout admirer l’île côté « terre » : la campagne brûlée de soleil, les petits chemins sinueux bordés d’interminables murets de pierre (on a raté la voie rapide mais on ne regrette pas !), la garrigue, les vieilles maisons … Quel dommage de ne pas avoir plus de temps à passer sur ces îles !
A peine Mamie à bord, nous quittons la Cala Pi le soir même pour rejoindre la dernière île des Baléares, Minorque, au Nord-Est.