C’est pas la joie sur le bateau quand nous larguons les amarres de Faial… Une belle escale prend fin et surtout nous laissons sur le quai les copains du Bubu, coincés à Horta pour quelques semaines encore, à attendre leurs safrans.
Nous parcourons les 20 miles qui nous séparent de Sao Jorge sans apercevoir de baleines mais quelques dauphins viennent jouer autour de nous pour nous remonter le moral. Nous faisons route en patrouille avec Modus Vivendi. La minuscule marina de Las Velas se niche au pied des falaises qui surplombent la ville à l’Est. Nous ne sommes pas certains de pouvoir y entrer nos catas, apercevant 2 monocoques amarrés au ponton du gasoil et encombrant déjà bien l’entrée. Nous sommes prêts à mouiller devant le port, ce qui ne nous amuse pas tellement vu la profondeur enregistrée à quelques mètres du bord seulement ! Mais le capitaine nous fait signe d’approcher et nous installe tranquillement derrière les 2 mono déjà à quai. Comme nous nous inquiétons un peu de condamner ainsi l’accès au gasoil pour les autres bateaux, il nous gratifie d’un grand sourire et nous explique que rien n’est un problème, que la seule chose importante est que tous ses bateaux soient à l’abris derrière les digues. Bem vindo a Sao Jorge !!
José est adorable et nous accueille dans sa petite marina flambant neuve comme dans sa maison. Ambiance très paisible et chaleureuse qui nous rappelle certains petits ports des îles Cornaties, en Croatie. Quelques badauds viennent faire la causette avec les bateaux de passage : beaucoup ont vécu à l’étranger et parlent anglais ou français (heureusement d’ailleurs, car on a beau faire tous les efforts du monde et se concentrer, on ne comprend décidément pas grand chose au portugais… qu’on arrive pourtant « facilement » à lire !). Nous retrouvons aussi quelques équipages croisés pendant le voyage. Point de passage « obligé » sur la transat retour, les quelques îles des Açores semblent rassembler tous les bateaux jusqu’alors dispersés du Vénézuela aux Bahamas (en passant par Cuba et l’arc antillais) avant qu’ils ne s’éparpillent à nouveau entre la méditerranée et l’atlantique. Une sorte de Cap Vert à l’envers !
Il y a une fête religieuse dans le village le premier soir. A la nuit tombée, un jeune couple qui flâne sur le port propose de nous accompagner jusqu’à la rue en question, toute décorée de fanions et de guirlandes colorées, avec concert de la fanfare, loterie et sucreries. En fin de soirée il est traditionnellement distribué des petits pains (de maïs semble-t-il…). Les enfants s’avalent une énorme barbe-à-papa en attendant que la fanfare, en pause syndicale, ne reprennent son concert. Mais le temps passe… passe… et il ne se passe vraiment rien…
Même le jeune musicien de la fanfare qu’on interroge n’arrive pas trop à nous expliquer quoi que ce soit (mais il est très gentil quand même). De guerre lasse, nous regagnons nos pénates avec la vague impression d’avoir manqué un épisode… Et en fait de concert, c’est le vacarme des » cagarros » qui nous surprend et nous amuse beaucoup : ces petits puffins cendrés semblent avoir avalé la girafe Sophie ! Oiseaux de mer le jour, ils se rapprochent de la côte la nuit et font entendre leur chant, tout à fait étonnant et étrange. Ils nidifient en mai-juin dans les falaises.
Après 2 mois, ils repartent en mer en laissant les petits inexpérimentés livrés à eux-mêmes. Attirés à la nuit tombée par les lumières de la ville ou des phares, beaucoup se blessent ou meurent. Un (efficace) programme de sauvetage a même été instauré par les autorités, mettant à contribution toute la population des îles . Petit extrait rigolo !
Le lendemain, le temps est presque au « beau » (disons il n’y a pas de brouillard….) et nous partons à la découverte de l’île. Comme il n’a plus de voiture de dispo (eh oui, encore …), le gentil monsieur de l’agence nous donne un Pajero ! A nous les grands espaces, les pistes rocailleuses (et poussiéreuses !), la grande aventure ! Dès que nous attaquons les chemins de terre, les enfants se retrouvent sur les marchepieds, accrochés aux portières (j’adore…), les cheveux aux vent. Nous empruntons tous les sentiers possibles, évitant soigneusement les routes goudronnées, et l’île nous apparaît
dans toute sa splendeur : de vastes prairies où paissent des centaines de vaches, des petits cratères envahis d’eau et d’herbes hautes, de profondes cicatrices laissées dans la terre par l’érosion et les mouvements telluriques, d’impressionnantes falaises se jetant dans la mer, des petites maisons de pierre basaltique tapies au fond des « fajas », de sinueux murets qui abritent des vents océaniques des pieds de vigne ou des potagers, et dont le gris plomb se détache sur une incroyable palette de verts : hortensias, bruyères, fougères, pins, châtaigniers, … et même eucalyptus !
Résultant de l’effondrement de la roche ou de coulées de lave se jetant dans l’océan, les remarquables « fajas », symboles de l’île, étalent leurs terres fertiles entre les falaises et la mer. Certaines jouissent d’un micro-climat qui a favorisé, entre autres, la culture des fruits exotiques, du thé, du café et de la vigne. Celles du nord sont souvent plus petites qu’au Sud, tapies au fond de profonds ravins, abritant parfois des lagunes aux eaux cristallines. Nous prenons le temps de descendre le long des pentes vertigineuses
pour rejoindre Faja dos Cubres et admirer au loin Faja da Caldeira de Santo Cristo et sa lagune : derrière la plage de galets, un petit paradis de vagues attend les surfeurs. Ayant pris gout aux routes escarpées parfois entravées d’éboulis (ou amputées d’une partie de la chaussée qui a glissé dans le vide…), nous descendons aussi à Faja das Pontas avant de retraverser l’île vers le sud par nos pistes préférées. De nombreux ruisseaux dévalent les pentes depuis les sommets de l’île (dont le Pico da Esperança, à 1053 mètres d’altitude), se transformant en d’impressionnantes cascades qui jaillissent des falaises à plusieurs dizaines de mètres en se jetant dans la mer.
La production de fromage est aussi une tradition aux Açores et chaque île ou presque a sa spécialité. Nous visitons la toute petite fabrique de Queijo Canada, à Santo Amaro, sur les hauteurs au nord-est de Velas. L’entreprise est familiale et l’adorable personne qui nous reçoit est fière de nous la présenter. Elle ne parle que portugais (ce qui nous dispense obligatoirement des considérations trop techniques) mais nous explique quand même tout le process de fabrication. Les enfants sont surtout captivés par les alignements de fromages dans le séchoir et attendent la dégustation avec impatience. Ils se jettent dessus comme la misère sur le bas clergé (ou des enfants « bien élevés mais mal tournés » xD). Notre hôtesse rigole et les nourrit tant et plus. Les gens sont vraiment trop gentils ici aussi…
Comme ils sont encore affamés en sortant, nous emmenons notre troupe à l’auberge Fornos de Lava, un peu plus bas dans le village. Une rotonde en bois au décor chaleureux, une agréable ambiance « dimanche au coin du poele » (c’est que c’est l’hiver ici !), des propriétaires charmants, des produits locaux, des légumes bio du jardin… on se régale ! La vue sur l’océan et le sommet de Pico au loin est splendide. Très chouette adresse.
Sao Jorge est encore un petit coin de paradis où nous aimerions rester à paresser. Et puis nous n’avons pas eu le temps de randonner, fouiner, zigzaguer ! Déjà il faut penser aux 140 miles à parcourir pour rejoindre la très belle île de Sao Miguel, à l’est, dernière étape avant notre retour vers la Méditerranée. Modus a déjà largué les amarres (en laissant tous les doudous de Marylou sur Zanzibar, horreur malheur ! faut les rattraper au plus vite !). 24 petites heures sur l’eau, que nous partagerons avec l’adorable Stoyan, qui navigue en solitaire sur Magic Swan. Pas beaucoup de vent annoncé, cela augure un peu de moteur, dommage. Peut-être quelques baleines ?
Nous serons à Ibiza le 26/06 2012 au matin et le 27/06/2012 matin à Majorque et nous vous donnons R.D.V. à ces dattes…. !nous serons en bateau à bord du M.S. _M.S.C. SINFONIA…..!
Tonton
eh ben va falloir prendre l’avion… toujours coincés à Sao Miguel, à attendre une petite fenêtre météo qui tarde franchement à s’installer ! On se croisera peut être sur l’eau ?
magnifiques photos !
gros bisous ! (on pensera quand même fort aux garçons jeudi..pour la fête de la musique !)
et nous donc… On vous imaginera sans mal sur scène ! Bises à tous les musicos, soyez au top !
Quel endroit magnifique, des paysages étonnants. Vous engrangez des souvenirs inoubliables…..
Les fromages bien rangés, ça fait envie. Je comprends les enfants!
et je les comprends aussi d’aimer rouler debout sur les marchepieds…..
Le petit extrait sur les puffins est extraordinaire. C’est vrai que ça doit être un peu angoissant de les entendre la nuit.
A bientôt à San Miguel.
Encore de très jolis souvenirs… Gros bisous
Merci pour ces magnifiques photos… Guillaume a été subjugué par les dauphins !!!
Nous imaginons que le cœur est un peu serré… On est toujours content de retrouver les siens mais un peu triste de devoir laisser derrière nous ceux que l’on a rencontré… mais le monde est petit…
Encore félicitations pour votre courage et merci de nous faire voyager à travers les photos et les commentaires.
Bien Amicalement.
La Famille Ges-Vernier
la richesse des rencontres tient parfois aussi dans ce qu’elles ont d’héphémère… On apprend à mieux apprécier l’instant présent (en tout cas on essaye)! Bises à toute la petite famille
Super une destination très tentante qui nous semble « rejoignable » avec le budget familiale!! On dirait l ‘Auvergne en île! Adorable la photo du couple de Puffins… A bientôt! (sans vouloir vous démoraliser…)